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Jules-François-Simon Suisse dit Jules Simon est un philosophe et homme d'État français, né le à Lorient (Morbihan) et mort le dans le 8e arrondissement de Paris. Acclamé de son vivant par plusieurs milieux intellectuels, il fut, selon Marc Angenot, un véritable « maître à penser » pour les « masses bourgeoises et petites-bourgeoises » de la fin du XIXe siècle.
Jules-François-Simon Suisse est le fils d'Alexandre-Simon Suisse, marchand de drap originaire de Loudrefing en Lorraine (1768-1843), d'abord établi à Lorient, puis à Saint-Jean-Brévelay (1818) et enfin à Uzel. Protestant, il a abjuré sa religion pour épouser en secondes noces une Bretonne catholique, Marguerite Vincente Fontaine (1775-1845), qui est la mère de Jules Simon.
Après de bonnes études aux collèges de Lorient et de Vannes (aujourd'hui collège Jules-Simon), il devient répétiteur au lycée de Rennes. Il commence, de bonne heure, à collaborer à la Revue de Bretagne. Il entre à l'École normale en 1833 et devient professeur de philosophie à Caen (1836) puis à Versailles (1837). Agrégé puis docteur en philosophie, il supplée Victor Cousin dans sa chaire à la Sorbonne, où il donne un cours très suivi sur les philosophes grecs, notamment Platon et Aristote.
Jules Simon collabore à la Revue des Deux Mondes et fonde, avec son ami Amédée Jacques, la Liberté de penser (1847). Ayant songé à la politique et, malgré une campagne électorale des plus actives, il échoue aux élections législatives à Lannion en 1847 contre la coalition des partis d'extrême droite et d'extrême gauche. Il prend sa revanche, et une revanche éclatante, le . Le département des Côtes-du-Nord l'envoie à la Constituante où il siège parmi les modérés.
Député républicain à l'Assemblée constituante de 1848, il publie des études sur la question universitaire et la liberté de l’enseignement.
Le , quelques jours seulement après le coup d'État du 2 décembre instaurant le Second Empire, Jules Simon se rend à son cours de la Sorbonne et prononce l'allocution suivante, devenue célèbre :
Il est révoqué le lendemain et privé, par suite, de sa conférence de l'École normale supérieure. Il se retire d'abord à Nantes où il emploie ses loisirs à des recherches historiques. Pour marquer son opposition à l'Empire, il publie Le devoir (1854) dont le retentissement est énorme. Bientôt suivent La religion naturelle (1856), La Liberté de conscience (1857), La Liberté (1859), et une série de conférences sur des questions de philosophie, de droit puis enfin d’économie politique. Son ouvrage La Liberté politique sera lu et traduit par les démocrates japonais des années 1880, notamment Chōmin Nakae.
Il est d’ailleurs le premier libéral à s’intéresser à la question ouvrière, dont il dénonce les abus dans une série de livres très populaires en leur temps.
Élu, le , député du département de la Seine, Jules Simon rejoint au Parlement le groupe de l’opposition libérale, alors dirigée par Jules Favre. Ses convictions libre-échangistes le font choisir par les habitants de Bordeaux pour les représenter à la députation : le , Jules Simon est élu député de la Gironde.
Pendant la guerre de 1870, il devient ministre de l'instruction publique, des cultes et des beaux-arts du gouvernement provisoire au lendemain du . « Il n'y a pas d'école neutre », disait-il, « parce qu'il n'y a pas d'instituteur qui n'ait une opinion religieuse ou philosophique ».
Jules Simon, sachant être autoritaire sous des formes douces et aimables, remet de l'ordre dans l'Université et oblige à démissionner Francisque Bouillier et Octave Feuillet. Il dépose le projet d'enseignement primaire obligatoire. Il est l'un des artisans de la généralisation des écoles normales primaires en France, dont l'école normale d'instituteurs de Paris. Brusquement, il se retire le à la suite d'un discours officiel où il attribue à Thiers tout seul l'œuvre de la libération du territoire, discours qui soulève à l'Assemblée nationale d'assez vives polémiques.
Il est élu sénateur inamovible le et, le même jour, membre de l’Académie française.
Le , il prend la présidence du conseil et le portefeuille de l’Intérieur. Dans le discours annonçant son programme ministériel, qu’il prononce pour obtenir l’investiture de l'Assemblée, une phrase est devenue historique, celle où il se déclare « profondément républicain et résolument conservateur ». Âgé de 21 ans, Paul Deschanel, futur président de la République, est son secrétaire particulier.
Dans la période d’instabilité que le pays traverse alors, Jules Simon représente une politique de conciliation entre la droite et l’extrême gauche, très agitées par la question religieuse. Il crée par une circulaire de 1877 le livret de famille. Simon ne peut maintenir longtemps la balance égale entre les partis et son ministère prend fin à la suite de la crise du 16 mai 1877.
Jules Simon, au Sénat, continue à s'occuper surtout des questions d’enseignement et combat les décrets sur les congrégations. Lors de sa dernière mission officielle, d’un grand éclat d’ailleurs, il représente la France à la conférence internationale de Berlin sur le Travail du . Il a à cette époque comme secrétaire Paul Redonnel.
De 1889 à 1896, Jules Simon devient le premier président de l’Association Valentin Haüy, créée en 1889 par Maurice de La Sizeranne pour venir en aide aux aveugles. Il est le premier président de l'Union française pour le sauvetage de l'enfance créée en 1887 (UFSE) et le président d'honneur de la Ligue nationale contre l'athéisme. Il est également président de la société savante : la Pomme.
Jules Simon s'est marié à Louise, Marie, Émilie Boissonnet. Il est le père de l’écrivain et journaliste Gustave Simon et du dramaturge Charles Simon.
Les papiers personnels de Jules Simon sont conservés aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 87AP : Inventaire du fonds.
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Source : Article Jules Simon de WikipédiaContributeurs : voir la liste
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