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Avis de lecteurs

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Marguerite est une jeune femme comme les autres : elle travaille, vit en couple.
Mais parfois, les apparences sont trompeuses. Le quotidien est un calvaire pour Marguerite qui doit faire d'énormes [...]

Je suis leur silence (Jordi Lafebre)

note: 5Les voix d'Eva Sylvie - 8 février 2024

Eva est psychiatre. Fantaisiste, délurée, débordante de vitalité, c'est une jeune femme décalée et attachante.
Elle est contactée par une ancienne patiente pour venir l'assister suite au décès d'un oncle.
Eva [...]

L'université des chèvres (Christian Lax)

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Le rapport de Brodeck n° 1
L'autre (Manu Larcenet)

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Brodeck est un homme, rescapé de l'enfer.
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Marx et la poupée (Maryam Madjidi)

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Une ferme. D'un côté, les jeunes, de l'autre, les anciens. Au milieu, les bêtes.
La vie à trimer, à s'occuper des vaches, des champs.
La vie qui passe, trépasse...
Le roman de Marion [...]

Jean Dutourd

 

Jean Dutourd, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un écrivain français, membre de l'Académie française.

Résistant et évadé à deux reprises, il commence sa carrière après-guerre dans les journaux. Il y écrira toute sa vie, dans le quotidien France-Soir en particulier, où il est éditorialiste pendant trente ans.

Il est l’auteur de 70 romans et essais, dont Au bon beurre, portrait au vitriol d'une famille de crémiers pendant l'occupation allemande qui rencontre un grand succès et remporte le prix Interallié.

Il acquiert une grande popularité par ses chroniques dans la presse pendant près de 40 ans et par sa participation à l'émission radiophonique Les Grosses Têtes pendant 30 ans.

Élu à l’Académie française en 1978, il s’y est illustré par sa défense de la langue française.

Biographie

Jeunesse

Jean Hubert Dutourd nait dans le 17e arrondissement de Paris, le , de François Dutourd, chirurgien-dentiste, et d’Andrée Haas. Il perd sa mère à l’âge de sept ans et effectue sa scolarité au lycée Janson-de-Sailly.

Il est mobilisé à vingt ans, et fait prisonnier au bout de quinze jours de guerre. Il s’évade six semaines plus tard, revient à Paris et passe une licence de philosophie à la Sorbonne. Licence incomplète, car il ne parvient jamais à décrocher le certificat de psychologie.

Il rencontre Gaston Bachelard à la Sorbonne : le philosophe est témoin de son mariage avec Camille Lemercier (1922-2003), le . Le couple aura deux enfants : Frédéric (1943) et Clara (1945-1980).

Ensuite de quoi il entre dans la Résistance et occupe l'appartement de la famille de Pierre Brossolette partie à Londres. Arrêté au début de 1944, il s’évade et participe à la libération de Paris.

Un romancier fécond

Son premier ouvrage, Le complexe de César, paraît en 1946 et obtient le prix Stendhal : « un maître livre où se révèlent d'un coup un vigoureux esprit et un écrivain admirable », écrit alors Roger Caillois.

Dutourd ne cesse alors plus de publier. En 1950, Une tête de chien obtient le prix Courteline. En 1952, Au bon beurre rencontre un très grand succès, et remporte le prix Interallié. Ce portrait au vitriol d'une famille de crémiers pendant l'occupation allemande, provocateur, réjouit un public heureux de pouvoir enfin prendre au second degré quatre années de souffrances et de malheurs. Il lui vaut une réputation de polémiste, de romancier satiriste et poil à gratter.

Il est conseiller littéraire chez Gallimard de 1950 à 1966.

Le , Jean Dutourd est élu à l’Académie française, au fauteuil de Jacques Rueff (31e fauteuil).

Dix ans après, il est également élu à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, où il est reçu le .

Il est membre du département de langues et de littérature de l’Académie serbe des sciences et des arts.

Chroniqueur dans la grande presse et à la radio

Débuts

Libérateur de l'immeuble de Paris-Presse en , aujourd'hui siège du Figaro, Jean Dutourd a commencé sa carrière dans les journaux. Administrateur-adjoint de Libération de 1944 à 1947, il dirige deux programmes français à la BBC de 1947 à 1950.

France Soir : 1963-1999

Il écrit dans France Soir pendant plus de trente ans. Il y tient une critique dramatique de 1963 à 1970, puis un éditorial de 1970 jusqu'en 1999. Un recueil de ces chroniques est publié en 2001, Le Siècle des lumières éteintes, que Jean Dutourd présente ainsi :

« Ayant pendant des dizaines d'années contemplé le monde afin de le décrire ou plutôt de le crayonner dans les journaux, j'ai pu constater l'extinction progressive des feux, ainsi que l'influence obscurantiste de la science et des techniques. Tout au long de son existence, l'humanité s'était principalement occupée de son esprit et de son âme. D'où la place que tenaient les lettres, les arts et la religion, instruments majeurs de la connaissance spirituelle. Soudain, au XXe siècle, l'humanité, pour la première fois de son existence, ne s'était plus intéressée qu'au corps, à sa commodité, à son bien-être, à la puissance ou à la vitesse que les objets ou les savoirs nouveaux pouvaient lui donner. Il s'est ensuivi une curieuse retombée en enfance. »

De janvier à , il met sa chronique quotidienne dans France Soir au service de la défense de la famille Portal, jouant ainsi un rôle déterminant dans la médiatisation de l'affaire Portal.

Dans la nuit du 13 au à 2h30, son appartement du 63, avenue Kléber à Paris est plastiqué alors qu'il se trouve en vacances à Antibes. Une charge d'au moins un kilo de plastic ou de dynamite a été déposée sur le palier du premier étage, devant son appartement. La cage d'escalier s'est effondrée, les murs sont lézardés, son appartement est pratiquement détruit ; sous l'onde de choc, des cloisons se sont effondrées dans les immeubles contigus. L'attentat est revendiqué par un appel téléphonique à la presse par la "Section franco-arabe du refus" (SFAR) dans ces termes : "Nous avons détruit le repaire du provocateur Jean Dutourd, homme de plume au service de la presse juive. Ce premier avertissement aux intellectuels devrait faire réfléchir tous les nationalistes revanchards français."

Les Grosses Têtes : 1977-2008

Il participe à l'émission radiophonique Les Grosses Têtes, sur RTL, dès l'année de sa création en 1977. Il en est un des participants principaux. Il ébahit les participants et le public par son érudition, sa repartie et son humour, donnant des réponses extraordinaires avec le plus grand naturel,. Selon le père de l'émission Philippe Bouvard, « Il a donné aux « Grosses Têtes » leurs lettres de noblesse ».

À partir de 2001, il répond tous les jours par téléphone à deux questions posées par Philippe Bouvard et, une fois dans l’année, se rend à l’émission en qualité d’invité d’honneur. Il arrête sa participation quotidienne à l’émission en . Sa participation fut critiquée par l'Académie.

Radio Courtoisie : 1999-2007

Après son éviction de France Soir en 1999 et jusqu'en 2007, il tient une chronique hebdomadaire d'un quart d'heure sur Radio Courtoisie, dans le Libre journal de Jean Ferré puis dans celui d'Henry de Lesquen. Il y parle surtout de littérature, souvent interrogé par l'écrivain Alain Paucard, et fait revivre les écrivains qu'il a connus. Ainsi, le 28 janvier 2002, il célèbre Léopold Sédar Senghor (qui vient de mourir) comme un des plus grands poètes de langue française et déplore que les dirigeants français de l'époque, Lionel Jospin et Jacques Chirac, n'aient pas rendu au grand écrivain et homme d’État sénégalais l'hommage qu'il méritait.

Un ton pamphlétaire sous lequel pointe le moraliste

Réputé pour son franc-parler et son anticonformisme, il est influencé par le duc de Saint-Simon, Stendhal et Jean Giono.

Dans une uchronie baptisée Le Feld-Maréchal von Bonaparte et publiée en 1996, Jean Dutourd imagine ce que seraient devenus la France et Napoléon Bonaparte si Louis XV n'avait pas racheté la Corse à la République de Gênes en 1768. Cette idée est la matière d'une réflexion sur les causes de la grandeur et de la décadence des Français, c'est aussi un pamphlet adressé à la démocratie. Le critique Renaud Matignon en écrit alors :

« Personne ne sait comme Jean Dutourd manier le paradoxe mêlé de bougonnerie, le naturel combiné à l'élégance, le sacrebleu et le saperlipopette ponctués de subjonctifs, avec des crudités, des familiarités savantes, et parfois une tournure rare, ressouvenue des meilleures garde-robes de la langue française, de La Fontaine à Saint-Simon. »

Dans sa réponse au discours de réception de Jean Dutourd à l'Académie française, Maurice Schumann s'adresse à lui ainsi, soulignant la profondeur de vue des chroniques qu'il écrit dans la grande presse :

« Car ce dont on fait grief, en vérité, au journaliste Jean Dutourd, c’est au contraire de ne pas être un polémiste, mais un écrivain qui dépeint et critique les mœurs d’une époque puis, à partir de là, développe ses réflexions sur la nature humaine ; c’est, en un mot, de rester moraliste. »

Il est président d'honneur du Club des Ronchons, fondé par Alain Paucard, qui considérait que dans une époque de blague, les gens sérieux sont des blagueurs, et les blagueurs sont les seuls gens sérieux. Dutourd le définissait comme le « jockey-club de l'esprit ». Le Club des Ronchons a publié une dizaine d'ouvrages collectifs, à certains desquels Jean Dutourd a contribué.

Gaulliste de cœur

De sensibilité monarchiste, Jean Dutourd est membre du comité de soutien du mouvement L'Unité capétienne, où l’on trouve les noms de Marcel Jullian, André Castelot, Gonzague Saint-Bris, Reynald Secher ou encore Georges Bordonove. Il se prononce contre le Manifeste des 121 en 1960, en qualifiant le choix de ses signataires d'« aberrant ».

Fervent admirateur du général de Gaulle, il se présente sous les couleurs de l’Union démocratique du travail (mouvement des Gaullistes de gauche) aux élections législatives de 1967, dans la circonscription de Rambouillet mais est battu par la députée sortante, la radicale Jacqueline Thome-Patenôtre. Par la suite, dans les années 1980 et 1990, sa critique de la politique menée par François Mitterrand lui vaut une réputation d'homme de droite. En 2002, il soutient la candidature de Jean-Pierre Chevènement à la présidence de la République.

En , il cosigne l'« appel aux enseignants » lancé par l'Institut d'études occidentales après la démission de Robert Flacelière de la direction de l'École normale supérieure.

En 1999, il signe la pétition « Les Européens veulent la paix », initiée par le collectif Non à la guerre, pour s'opposer à la guerre en Serbie.

Défenseur de la langue française

Jean Dutourd s'est illustré par sa défense de la langue française. Selon ses propres mots : « J'avais déjà, bien avant d'être académicien, l'amour de la langue française. Je l'aime comme un artiste aime la matière de son art. Comme un homme aime l'âme que Dieu lui a donnée. »

Il voit dans son recul un des signes les plus révélateurs de l'abandon de l'époque à la facilité et à une forme d'infantilisme : « A la fin du siècle des Lumières, l'Europe parlait français, sachant ou sentant que cette langue était la plus apte à explorer l'inconnu. À la fin du siècle des Lumières éteintes, l'Europe jargonne un sabir américanoïde incapable (et d'ailleurs ne l'ambitionnant pas) d'exprimer autre chose que des besoins élémentaires et des idées convenues. »

Il fonde en 1958 l’association Défense de la langue française, qu'il préside jusqu’en 2009. C’est alors son confrère de l’Académie Angelo Rinaldi qui le remplace.

Mort

Il meurt le , à 91 ans dans le 6e arrondissement de Paris. Ses obsèques se déroulent le , en l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris, puis au cimetière du Montparnasse. Y assistent notamment Philippe Bouvard, de nombreux académiciens, dont les écrivains Alain Decaux et Max Gallo, et l'historienne Hélène Carrère d’Encausse. L’éditeur Raphaël Sorin, l'avocat Paul Lombard, les hommes politiques Charles Millon et Jean Tiberi sont également présents à la cérémonie.

Le , Michael Edwards, poète anglais, est élu à son fauteuil à l'Académie française, le n°31.

Œuvre

Traductions

Distinctions

Récompenses

  • 1946 : prix Stendhal, pour Le complexe de César
  • 1950 : prix Courteline, pour Une tête de chien
  • 1952 : prix Interallié, pour Au bon beurre
  • 1961 : prix Prince-Pierre-de-Monaco, pour l'ensemble de son œuvre
  • 1999 : prix Daudet
  • 2001 : prix Saint-Simon, pour Jeannot, mémoires d'un enfant
  • 2005 : Grand Prix Catholique de Littérature, pour Journal intime d'un mort

Décorations

  • Grand officier de la Légion d'honneur
  • Commandeur de l'ordre national du Mérite
  • Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres le

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Denise Bourdet, Jean Dutourd, dans: Brèves rencontres, Paris, Grasset, 1963.
  • Patrick Gofman, Jean Dutourd, éd. du Rocher, 1994 (ISBN 2268017990)
  • Alain Paucard, Dutourd l'incorrigible, Flammarion, 1997 (ISBN 2080672320)
  • Bernard Leconte, Quelques coups de burin pour la statue de Dutourd, Plon, 1997 (ISBN 2-259-18685-8)
  • François Taillandier, Le Père Dutourd, Stock, 2011 (ISBN 978-2234070882)
  • Dossier « Jean Dutourd, Grognard et Hussard », in Revue des Deux Mondes, octobre 2021.
  • Dossier « Jean Dutourd, le grand style », in Le Figaro littéraire, 24 novembre 2022.
Dans la fiction
  • Jean-Michel Royer, François Mitterrand élu à l'Académie française. François Mitterrand est élu au fauteuil de Jean Dutourd et prononce son éloge.

Liens externes

  • Ressources relatives à la littérature :
    • Académie française (membres)
    • Internet Speculative Fiction Database
    • NooSFere
  • Ressource relative au spectacle :
    • Les Archives du spectacle
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Source : Article Jean Dutourd de Wikipédia

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