Léger, drôle et touchant.
La suite des aventures donne envie !
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La vie à trimer, à s'occuper des vaches, des champs.
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Philippe Jaccottet, né le à Moudon en Suisse et mort le à Grignan (Drôme), est un écrivain, poète, critique littéraire et traducteur suisse vaudois, naturalisé français en 1950. Il est l'époux de l'illustratrice et peintre Anne-Marie Jaccottet, née Haesler.
Philippe Jaccottet s'installe, avec sa famille, à Lausanne en 1933. Son enfance est déjà marquée par l'écriture. À quinze ans, il offre à ses parents un ensemble de poèmes intitulé Flammes noires. À seize ans, le , lors de la remise du Prix Rambert, Jaccottet découvre Gustave Roud. Cette rencontre est déterminante pour le jeune poète : il la considère lui-même comme « décisive » ; elle donne progressivement naissance à une amitié que va concrétiser l'importante correspondance que s'échangent les deux hommes, de 1942 à la mort de Roud en 1976. Gustave Roud fait connaître au jeune homme le romantisme allemand et les poètes qu'il traduit, Novalis et Hölderlin, mais aussi la beauté de la nature et des paysages qui entrent dès lors au cœur de sa sensibilité. Lors de cette rencontre, Roud lui fait connaître Claudel et lui confie le texte de la première édition de "partage de midi", édition que Claudel, devenu "bon catholique" et effrayé par sa propre audace a reniée et retirée de la publication. Ce qui a obligé Jaccottet à recopier ce texte pour le garder en sa possession. Même s'il critique vertement le Claudel trop souvent dogmatique, Jaccottet lui a gardé son admiration pour le poète dans son approche du réel, notamment dans "Connaissance de l'est". C'est ce poète-là que Jaccottet retrouve avec bonheur. C'est aussi la période où il commence à traduire, pour son plaisir :
« Il y avait spontanément en moi un goût de cela. »
Après sa maturité, Jaccottet suit des études de lettres à l'Université de Lausanne, durant lesquelles ses écrits commencent à paraître dans des périodiques : il s'agit d'une pièce de théâtre, Perceval (lue au printemps 1945 à la Guilde du livre), et de premiers poèmes, dont « Élégie » (1943-1944), « Pour les ombres » (1944) et « Les Iris » en 1945. C'est en qu'est publié son premier ouvrage, Trois poèmes aux démons, dont on dit que Jaccottet détruisait les exemplaires qu'il rencontrait ; puis, en 1946, il écrit une seconde pièce, La Lèpre, qu'il n'a pas achevée (il ne reste plus de traces de ces deux pièces). Il obtient sa licence de lettres en , mais ne veut pas enseigner. Cette même année, au cours d'un voyage en Italie, il rencontre Giuseppe Ungaretti et se lie d'amitié avec ce poète italien dont il commence à publier des traductions en 1948 dans Pour l'Art. Puis Jaccottet s'installe à Paris, rue du Vieux Colombier, à l'automne 1946 où, engagé par l'éditeur Henry-Louis Mermod (qu'il a rencontré à Lausanne en 1944), il travaille sur des traductions (la première est La Mort à Venise de Thomas Mann), et publie de nombreux textes pour la presse, notamment pour la Nouvelle Revue de Lausanne, où sont publiés entre 1950 et 1970 plus de trois-cent cinquante articles de Jaccottet.
Par l'intermédiaire de Mermod, il fait de nombreuses rencontres, dont celle de Francis Ponge, avec qui il se lie d'amitié bien que leurs recherches poétiques soient très différentes, de Jean Paulhan. Jaccottet fait découvrir, par des textes critiques, des poètes et des écrivains de sa génération qui vont devenir ses amis, dont Yves Bonnefoy, Jacques Dupin et André du Bouchet. Ami de Pierre Leyris, il entretient aussi des liens avec le groupe de la revue 84, notamment avec André Dhôtel et Henri Thomas, dont la poésie a grandement influencé L'Effraie. C'est à cette époque, et grâce au contact, aux critiques et aux discussions avec ces amis relevant de groupes différents (entre lesquels Jaccottet se sentait partagé), que le poète commence à trouver « [sa] propre voix », en « baissant le ton » par rapport aux premiers textes (par exemple Requiem en 1947, poème écrit à partir de photographies d'otages durant la guerre et auquel il reprochera plus tard d'avoir été écrit « à partir d’une relation trop indirecte avec la mort »). De cette époque date la rédaction de son premier recueil, L'Effraie. Publié en 1953 chez Gallimard dans la collection, discrète mais souterrainement prestigieuse que dirige Jean Paulhan, « Métamorphoses », ce livre marque un tournant : Jaccottet a longtemps considéré ce recueil comme le début de son œuvre.
Cette même année, il s'installe, avec sa femme Anne-Marie Haesler, artiste peintre, à Grignan, dans la Drôme. La découverte autant « déterminante » qu'« inattendue » de Grignan fait de ce lieu et de ses environs « le lieu avant tous les autres » pour Jaccottet : dès lors, les paysages de Grignan vont apparaître dans nombre de textes. En outre, le choix de vivre loin des grands centres littéraires lui a permis, selon lui, de se « mettre à une distance salutaire [d']influences » qui auraient pu le paralyser dans son rapport avec la poésie : « C'était une façon de fuir pour mieux rester moi-même. » Jaccottet poursuit depuis Grignan ses traductions, son écriture poétique, et collabore activement à La Nouvelle Revue française. Après une première recension critique sur Poésie non-traduite d'Armand Robin, en 1953, qu'accompagne la parution de certains de ses poèmes, Jaccottet va écrire en une vingtaine d'années plus d'une centaine d'articles sur les poètes contemporains, et ouvrir la NRF sur la littérature allemande ; il contribue toujours en même temps à La Nouvelle Revue de Lausanne et à la Gazette de Lausanne (de 1955 à 1970). Son fils Antoine naît en 1954.
Le , Jaccottet reçoit à son tour le Prix Rambert. Mais les trois années suivantes sont une difficile traversée du désert poétique ; l'écrivain essaie d'en trouver l'issue par l'écriture en prose, avec les Éléments d'un songe et L'Obscurité (parus concomitamment chez Gallimard en ), le récit le plus long de son œuvre, et une sorte de témoignage de cette crise. En 1960 naît sa fille Marie. Durant les années 1960, Jaccottet travaille à l'édition et à la traduction de Friedrich Hölderlin et de Giuseppe Ungaretti, tout en écrivant pour la collection « Poètes d'aujourd'hui » une monographie sur Gustave Roud (publiée en 1968). En 1968 paraît L'Entretien des Muses, qui regroupe de nombreux textes critiques consacrés à la poésie française du XXe siècle. Les années 1970 sont marquées par plusieurs décès douloureux, parmi les amis (Gustave Roud en 1976 par exemple) et les parents du poète : la mort de son beau-père et de sa mère, en 1974 est évoquée par les livres de deuil Leçons et Chants d'en bas. Mais c'est également le temps de nouvelles amitiés, dont celle de Pierre-Albert Jourdan ; de nombreux peintres (dont Gérard de Palézieux) sont reçus à Grignan. La même période voit l'entrée de Jaccottet dans les collections « Poésie/Gallimard » et « Poètes d'aujourd'hui ». En 1977, il publie À la lumière d'Hiver, recueil dans lequel il retrace son amour pour la nature et le monde, mais où le doute quant au pouvoir du langage s'est accru, en raison des épreuves :
« facile à dire ! et trop facile de jongler
avec le poids des choses une fois changées en mots ! »
En , il fait partie des membres fondateurs du Comité des intellectuels pour l'Europe des libertés.
En 1984 paraît chez Gallimard La Semaison, qui regroupe les carnets du poètes de 1954 à 1979 ; elle sera suivie, en 1996 puis en 2001, par deux autres ouvrages. 2001 voit également la parution de Et, néanmoins. Cette même année, à Truinas, Jaccottet assiste à l'enterrement de son ami le poète André du Bouchet : il narre cette matinée dans un ouvrage intitulé Truinas, le . Les années 2000 voient également d'autres pertes, que recense l'« Obituaire » de Ce peu de bruits (2008). Malgré une forme de pessimisme avoué et malgré la vieillesse, dans cet ouvrage mêlant proses et poèmes, la poésie et le contact avec la nature continuent à apporter réconfort et confiance. En 2011, le poète publie dans la collection « Poésie » de Gallimard son anthologie personnelle, L'encre serait de l'ombre, qui regroupe des textes écrits entre 1946 et 2008.
Il meurt le à l'âge de 95 ans, chez lui à Grignan (Drôme), où il est inhumé,. Son décès survient une semaine avant la parution de son dernier recueil poétique, Le dernier livre de Madrigaux (Gallimard).
Jaccottet écrit des vers et de courtes proses par lesquelles il s'attache à retrouver un rapport à la nature et au monde. À la recherche de la parole la plus juste possible, il tente de préserver l'émotion face aux choses vues, en travaillant à la fois sur le perçu et le ressenti ; c'est ce qui explique que sa poésie soit empreinte à la fois de simplicité et de mystère. Le poème en reste au « presque », se tient sur le seuil, sur le point de nous faire accéder à la joie éprouvée face à la beauté de la nature. Outre les poèmes et les essais, l'œuvre de Jaccottet se compose aussi de carnets de notes, qui constituent pour lui une forme alternative de la poésie. Le tout est marqué par une modestie et une retenue, qu'il résume lui-même par la formule « L'effacement soit ma façon de resplendir », et que l'on peut retrouver sous différentes formes chez Charles-Ferdinand Ramuz, Gustave Roud, Maurice Chappaz et Edmond-Henri Crisinel. C'est surtout une très forte exigence de vérité qui motive le poète dans son écriture, d'où une certaine méfiance à l'égard des images (« l'image cache le réel, distrait le regard »), et un doute qui s'inscrit, explicitement, dans le poème :
« La vérité semblait pourtant si simple, je n'en garde plus que la coque, vide, même pas : des masques, une singerie… »
Pour éviter ce danger, inhérent à l'emploi de l'image, l'écriture jaccotéenne est « une esthétique de la mesure et du non-dit », caractérisée par une recherche d'équilibre et de justesse, ce qui explique les nombreuses corrections présentes dans les poèmes — d'ailleurs, le titre même du recueil Leçons fait référence à cette quête de la justesse, puisqu'une leçon peut aussi avoir le sens de « version » d'un texte (on l'utilise pour les textes latins ou grecs par exemple), une version qui n'est pas certaine, qui peut admettre d'autres versions ou corrections ; il s'agit de se rapprocher le plus possible, par exemple, d'une couleur, que peinent à rendre des mots trop flous et généraux pour satisfaire le souci qu'a Jaccottet de la caractériser : « Les champs de blé : ce n'est plus du jaune, pas encore de l'ocre. Ni de l'or. C'est autre chose qu'une couleur. » Caractérisation qui est plutôt une approche, en rien définitive, de la chose considérée, si ce n'est lorsque la condensation poétique semble réussir à atteindre une justesse presque miraculeuse, mais qui n'exclut pas le doute, comme dans les notes les plus concises de la Semaison, ou les vers conclusifs d'un poème tel que L'Ignorant.
Dans un discours prononcé en Remerciement pour le prix Rambert, où il expose quelques « éléments de poétique », Jaccottet écrit que le poète n'est plus « le Soleil […] ni un fils du Soleil ; ni même un Porte-flambeau ou un Phare » (il rejette donc l'image du « poète-prophète ») : la tâche de cet « anonyme […] vêtu comme n'importe quel autre homme soucieux » est d'essayer de « pei[ndre] » le monde « si merveilleusement » que son œuvre serait à même de détourner l'Homme de sa peur de la mort. Le poète doit donc « veiller comme un berger [et] appeler / tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort » ; son « travail est de maintien, de conservation d'une mémoire : il entretient un « maigre feu » contre le vent et l'obscurité », comme l'écrit Jean-Michel Maulpoix. C'est en accord avec cette conception que le poète porte un regard critique vers ses débuts, par exemple dans les premières pages de Leçon. Lorsque Poésie, reprenant les premiers recueils, a été édité dans la collection « Poésie/Gallimard », Jaccottet a décidé d'écarter certains poèmes, ceux qu'il « aim[ait] le moins », et de modifier certains autres. Ces changements peuvent être vus dans le sens d'une harmonisation des textes du poète encore jeune à ceux du « poète tardif », surtout par rapport à sa conception de l'effacement et de la poésie. En effet le cheminement de Jaccottet le conduit à considérer les moyens mêmes de la poésie avec une certaine méfiance et à ne pas confondre ces moyens avec ses objectifs : aussi considère-t-il la prosodie comme seconde, assimilable à une autre forme de rhétorique, parce qu'il y a selon lui « un conflit entre la rime et la vérité ». Cette pensée a donc une influence sur les formes choisies : le sonnet, présent dans L'Effraie, disparaît dans les autres recueils au profit de formes plus personnelles, après avoir été « un passage […] un moyen et un lieu d'expérimentation » pour le jeune poète.
Le motif de la lumière est omniprésent dans l'œuvre : en attestent les titres de certains ouvrages et de nombreux poèmes, et les effets de lumière qui apparaissent dans les textes. Jean Starobinski souligne un « amour professé de la lumière, [qu'il] aime assez pour vouloir qu'elle circule dans les mots qu'il trace, et pour veiller à n'écrire aucune ligne qui ne soit pour le lecteur un chemin de clarté ».
Jaccottet a traduit Goethe, Hölderlin, Leopardi, Musil, Rilke, Thomas Mann, Ungaretti, Cassola, mais aussi L'Odyssée d'Homère. Son métier de traducteur a occupé dans sa vie une place considérable et se révèle, en terme quantitatif, plus important que sa production poétique ; s'il a été dicté par la nécessité, il ne s'agit pas néanmoins d'une activité secondaire : elle fait partie intégrante de l'œuvre et, à ce titre, à l'instar des traductions d'Yves Bonnefoy par exemple, a intéressé les critiques. La publication en 1997 du livre D'une lyre à cinq cordes, qui regroupe des traductions de Jaccottet entre 1946 et 1995, montre que l'auteur considère ses traductions comme importantes, même si, dans le même temps, il les distingue nettement de sa production personnelle. On y retrouve néanmoins cette esthétique de l'« effacement » qui caractérise la poésie de Jaccottet ; elle est mise au service d'une pratique de la traduction qui cherche, par une « voix plutôt sourde, discrète, sinon faible », à « servir […] la voix native du poème étranger », à répondre à cette question que se pose le poète : « La plus haute ambition du traducteur ne serait-elle pas la disparition totale ? ». La Correspondance Jaccottet-Ungaretti offre un aperçu de ce travail de traduction, qu'Ungaretti appréciait au point de dire d'un des recueils traduits : « Je crois qu'il est meilleur en français qu'en italien ».
Jaccottet a également écrit de nombreux textes critiques sur des auteurs variés (Gustave Roud, Francis Ponge, Guillevic, Yves Bonnefoy, Paul Claudel, André Du Bouchet, Michel Deguy, Gabriel Bounoure, William Faulkner, Rainer Maria Rilke, pour n'en citer que quelques-uns). Ces « chroniques de poésie » et « lectures de poésie » ont été par la suite regroupées respectivement dans deux ouvrages : L'Entretien des Muses et Une transaction secrète. Écrits pour papier journal, un autre livre, regroupe d'autres chroniques, publiées entre 1951 et 1970, toutes aussi variées, à la lecture desquelles Jaccottet se révèle, entre autres, intéressé par le « nouveau roman » (Michel Butor, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet), et participe à la reconnaissance de Kateb Yacine.
Parmi les œuvres poétiques de langue française du XXe siècle, celle de Jaccottet est, après celle d'Henri Michaux, le sujet du plus grand nombre de thèses et de mémoires. Le nombre considérable d'articles, de livres (listés en annexe), de recueils critiques, et d'hommages dans des revues prestigieuses, témoigne de l'importance d'un poète que le critique Bruno Blanckeman considère comme en voie de devenir un classique : Poésie 1946-1967 et À la lumière d’hiver ont été inscrits au programme de l'agrégation de lettres modernes 2003-2004 ; les élèves de Terminale littéraire ont pu le découvrir en marge de l'étude de son ami Yves Bonnefoy en 2005-2006, ont eu sa traduction de l'Odyssée au programme de 2009 à 2011, et son recueil À la lumière d’hiver en 2011-2012. Philippe Jaccottet a en outre reçu de nombreux prix prestigieux. Ses œuvres poétiques ont été rassemblées dans un volume de la Bibliothèque de la Pléiade paru le qui a été édité par José-Flore Tappy, Hervé Ferrage, Doris Jakubec et Jean-Marc Sourdillon et préfacé par Fabio Pusterla. Il accorde une dernière interview à Arnaud Bédat du magazine L'Illustré (Lausanne) en . En 2021 enfin, sa traduction de l'Odyssée devient le vecteur paradigmatique de la transmission culturelle dans un roman dont le titre est tiré d'un de ses vers, Si les dieux incendiaient le monde d'Emmanuelle Dourson.
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Source : Article Philippe Jaccottet de WikipédiaContributeurs : voir la liste
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