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Fleuron des collections de la Médiathèque Samuel Paty, cette bible a quitté le prieuré bénédictin de Souvigny lors des confiscations révolutionnaires. Devenue propriété de l’Etat, classée monument historique en 1927, elle est conservée à la Médiathèque Samuel Paty.
La première mention de cette bible se trouve dans l’Obituaire du prieuré de Souvigny, manuscrit du quinzième siècle conservé à la Médiathèque Samuel Paty, sous la cote MS-13. Appelé également Livre des anniversaires, cet ouvrage mentionne les offices célébrés par le prieuré en mémoire de ses bienfaiteurs. Pour l’anniversaire de messire Bernard, sacristain de Saint Mayeul, un office plein est célébré le 13 novembre, en souvenir du bien qu’il a fait au prieuré en faisant faire, entre autres, une dizaine de manuscrits et plus particulièrement « un livre très précieux contenant l’ancien et le nouveau Testament » (preciosissimam historiam continentem novum et vetus testamentum). Il s’agit sans doute de la Bible de Souvigny.
C’est un manuscrit sur parchemin de grande taille (56 x 39 cm), qui contient sur près de 400 feuillets le texte latin de l’ancien et du nouveau Testament, avec les préfaces aux livres bibliques.
Véritable joyau de l’enluminure médiévale, elle date du dernier quart du 12ème siècle et son état de conservation est remarquable. Sa composition a nécessité la peau de 200 moutons et le travail de deux copistes et deux enlumineurs, pendant au moins un an et demi. Le changement de main est identifié au folio 118v pour le texte, et au folio 200v pour les enluminures.Consulter la Bible de Souvigny
Sommaire:
Les enluminures
Le texte en latin est rythmé par les enluminures : 5 grandes compositions qui illustrent des passages importants de la Bible et 117 lettres ornées qui inaugurent les livres bibliques ou les préfaces de Saint Jérôme.
La Genèse, folio 004v
Première grande composition qui inaugure le premier livre biblique : la création du monde est découpée en huit images, qui illustrent le texte biblique. Dans les premiers registres, Dieu est représenté en Christ Pantocrator « celui qui gouverne tout », sa taille se réduit peu à peu jusqu’à atteindre les proportions de l’homme qu’il crée dans l’avant-dernière image. La dernière image montre Adam et Eve après le péché originel.
Livre de Samuel : histoire de David et Goliath, folio 093r
L’histoire de David est racontée comme un fleuve d’événements continus : il reçoit l’onction de Samuel, combat le lion, revêt l’armement du guerrier, reprend ses habits de berger, tue et décapite Goliath, puis présente la tête du géant à Saül.
Livre de Jonas, folio 196v
Alors qu’une tête de lion souffle la tempête, Jonas est jeté à la mer à sa demande pour apaiser les eaux. Il restera trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, préfigurant ainsi la résurrection du Christ.
Livre de Daniel, folio 185v
Dans le second épisode de Daniel dans la fosse aux lions, l'ange du Seigneur saisit le prophète Habacuc par les cheveux et le transporte à Babylone pour donner à manger à Daniel.
Livre des psaumes, folio 215r
David est représenté trois fois dans l’initiale historiée : écrivant le texte sous l’inspiration d’un ange, composant la musique avec sa harpe et triomphant de Goliath avec la pierre de sa fronde.
Livre d’Esther, folio 284r
L’histoire d’Esther est découpée en deux étapes : Assuérus demande : « Que désires-tu, Esther ? ». Esther demande au roi la vie de son peuple, menacé par la trahison d’Aman, son serviteur. Aman est pendu de dos, ce qui évoque la coutume de couvrir le visage du condamné, évoquée au chapitre 7, verset 8.
Livre de Tobie, folio 288v
L’histoire de Tobie est découpée en trois registres : Tobit, aveugle, envoie son fils Tobie recouvrer l’argent qu’il avait déposé chez un ami en Médie. L’ange Raphaël accompagne Tobie et lui recommande de prendre le fiel du poisson qui l’a mordu pour guérir son père. Tobie épouse Sara et, de retour chez lui, rend la vue à son père.
Canons de concordance des évangiles, folio 314r à 316r
Les canons de concordance établissent les parallèles entre les textes des évangiles, ainsi que les récits propres à chacun d’eux. Ils s’étendent ici sur cinq pages et le haut des colonnes est le théâtre d’images très variées.
Actes des apôtres : l’ascension, folio 342v
Le Christ en gloire est emmené aux cieux par deux anges, sous les yeux des treize apôtres et de la Vierge, plus grande que les disciples, placée au centre de l’enluminure et seul personnage auréolé.
La reliure
La reliure telle qu’on la voit aujourd’hui a été refaite plusieurs fois. Avant sa restauration de 1833, « son ancienne couverture formée de bois de chêne revêtue de peau de truie, quoique brisée, mutilée et déchirée, était décorée des mêmes ornements en bronze, en cuivre et en émail que l’on admire maintenant… ». Elle comportait également une étiquette sur le dos attestant sa présence au concile de Constance en 1415.
Cette restauration de 1833 fut une catastrophe puisque le relieur n’a pas su replacer tous les ornements et a permis à un collectionneur de passage d’en acquérir un pour sa collection ; de même, une plaque d’émail a disparu, ainsi que des plaquettes dont le musée de Moulins garde les moulages.
Le bronze acheté par le collectionneur de passage s’est retrouvé mis en vente chez Sotheby’s à Londres lors de la dispersion de la collection Von Hirsch en 1978. La femme du commissaire-priseur étant bourbonnaise, elle a reconnu l’un des ornements de la bible et a prévenu la Ville de Moulins qui, avec l’aide de la Région, de l’Etat et d’une souscription publique, a pu racheter l’élément pour la somme de 16 000 livres.
La reliure a ensuite été refaite en 1980 par les ateliers de la Bibliothèque Nationale ; les appliques ont été déposées sur une plaque de bois recouverte de velours et la bible elle-même a été recouverte d’une peau.