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Avis de lecteurs

Connemara (Nicolas Mathieu)

note: 5Comédie humaine ultra moderne Jérôme - 6 mars 2024

Superbe fresque sentimentale rurale qui conjugue intimité des relations conjugales (mais pas que) et sociologie critique et subtile de la start-up nation, de la fracture centre/périphérie et du monde des [...]

Marx et la poupée (Maryam Madjidi)

note: 4Lettre franco-iranienne Jérôme - 6 mars 2024

Très beau texte de Maryam Madjidi qui raconte sa déterritorialisation relative, corporelle et mentale, jalonnée de doutes, de l'Iran vers la France. Ses réflexions sur l'école républicaine française et les [...]

Du même bois (Marion Fayolle)

note: 5Comme des bêtes Sylvie - 28 mars 2024

Une ferme. D'un côté, les jeunes, de l'autre, les anciens. Au milieu, les bêtes.
La vie à trimer, à s'occuper des vaches, des champs.
La vie qui passe, trépasse...
Le roman de Marion [...]

Et vous passerez comme des vents fous (Clara Arnaud)

note: 5Une échappée dans les Pyrénées Lou, MMC - 17 novembre 2023

Un Berger, une éthologue et un montreur d’ours. Voici les trois personnages principaux que l’ont va suivre alternativement dans ce roman et qui ont pour point commun un village des [...]

Et vous passerez comme des vents fous (Clara Arnaud)

note: 5Une échappée dans les Pyrénées Lou, MMC - 17 novembre 2023

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Blue Box (Blue Box)

note: 5Une comédie romantique sportive Florian MSP - 3 janvier 2024

Un excellent manga de romance avec un petit côté sport où on va suivre nos deux protagonistes Chinatsu et Taiki qui vont commencer à mieux se connaître suite à une [...]

Dans le cadre de la rétrospective chronologique du livre imprimé proposée à la médiathèque cette année, venez et revenez ce mois-ci admirer quelques livres imprimés de la première moitié du XVIIe siècle.

Nous vous proposons pour ce mois quatre livres : un atlas de poche de 1618, un livre sur les monstres de 1642, un ouvrage pour apprendre à fabriquer des cadrans solaires de 1644 et un manuel pour pratiquer la gravure en taille-douce de 1645.

Sur la carte tirée de l’atlas de Pierre Bertius, il est possible d’apercevoir la ville de Moulins. Arrivez-vous à la trouver ?

À venir découvrir du 4 au 29 avril dans les vitrines situées à l'entrée de la médiathèque. Pour les ouvrages de la seconde moitié du XVIIe siècle, rendez-vous le 2 mai.

 

Point d'histoire

 

Le XVIIe siècle est un siècle de pause pour l'imprimerie sur le plan technique : le matériel et les principes ne changent pas, de même que l'organisation des ateliers d'imprimerie demeure telle qu'aux XVe et XVIe siècles. La gravure sur cuivre ou taille-douce, qui nécessite l'emploi d'une presse distincte de la presse typographique, se généralise et devient très courante ; les livres présentés ce mois recourent d’ailleurs tous à la gravure sur cuivre. L'innovation se joue davantage au niveau de la mise en page, plus aérée et raffinée. Aux Pays-Bas, des imprimeurs mettent au point des ornements et des caractères bientôt imités ailleurs. C'est surtout un siècle où l'offre d'imprimés ne cesse de s'accroître et de se diversifier. Le livre adopte des formats plus réduits, le rendant plus maniable et transportable. Il se veut aussi plus accessible, en élargissant la palette des sujets et des genres proposés et en s'efforçant de toucher toutes les catégories de population. Le livre se fait plus présent au quotidien et devient familier. Servant à l'étude comme au divertissement, il est au centre des occupations et des préoccupations du siècle.

 

Les livres du mois

 

Pierre Bertius. - Tabularum geographicarum contractarum libri septem

Pierre Bertius. - Tabularum geographicarum contractarum libri septem. – Amsterdam, Jodocus Hondius II, 1618. – In-8° oblong.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 20069

Pierre Bertius (1565-1629) est un mathématicien et cartographe néerlandais. Il enseigne les mathématiques à l’université de Leyde, avant d'être destitué du fait de ses positions religieuses. En 1620, il se réfugie en France, abjure le protestantisme et est nommé professeur d’éloquence, historiographe du roi et professeur de mathématiques au Collège royal.

Il compose des ouvrages théologiques et géographiques. Il produit aussi bien des cartes du monde des anciens que des cartes du monde contemporain. Le livre présenté ici propose des cartes du monde tel qu’il est connu sous le règne de Louis XIII, dont Pierre Bertius est le géographe officiel et à qui il dédie le livre.

C’est Jodocus Hondius II (1593-1629), un cartographe, graveur et éditeur néerlandais installé à Amsterdam, qui se charge de la publication. Il appartient à une famille de graveurs et de cartographes : son père, Jodocus Hondius I (1563-1612), lui-même cartographe, a d'ailleurs réalisé aux côtés de Pieter van den Keere (1571-1646) des cartes pour le Caert Thresoor ou Thresor de Chartes de Barent Langenes (actif au XVIe siècle) publié pour la première fois en 1598 à Middelburg. Pierre Bertius reprend et enrichit le Caert Thresoor pour proposer le Tabularum geographicarum contractarum libri septem.

L'édition présentée ici est la troisième réalisée ; les deux autres datent de 1616. Elle contient 220 cartes pleine page gravées sur cuivre, ainsi qu’une page de titre illustrée et gravée. Certaines cartes gravées sont signées de Salomon Rogiers (vers 1592-vers 1640), tandis que d'autres proviennent de Pieter van den Keere et Jodocus Hondius I. C’est un livre oblong (ce qui signifie qu'il est plus large que haut), dont le format est particulièrement adapté pour la reproduction de cartes. A l’époque, les atlas de poche sont très à la mode. L’ouvrage propose des cartes du monde en général, mais également de chaque continent, de chaque Etat et de chaque province. Chaque carte est assortie d’une description détaillée, particulièrement pour le continent européen. Contrairement à une grande partie des ouvrages géographiques de l'époque, le texte a été réalisé à partir des cartes, et non l'inverse.

 

Ulisse Aldrovandi. - Monstrorum historia,...

Ulisse Aldrovandi. - Monstrorum historia,... – Bologne, Nicolai Tebaldini, 1642. – In-folio.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote R-BANV-FOL-18851

Ulisse Aldrovandi (1522-1605) est un scientifique italien de la Renaissance. Après des études en humanités et en droit, il devient notaire en 1542, mais décide cinq ans plus tard d'abandonner le notariat pour se consacrer à ses centres d'intérêt. D'abord intéressé par la philosophie et la logique, il se tourne ensuite vers la médecine. A partir de 1551, il se prend d’intérêt pour la botanique, la zoologie et la minéralogie, tout en continuant d'étudier la médecine. Il pratique et étudie les dissections anatomiques, et rassemble également des spécimens d'animaux, de plantes et de minéraux pour ses collections. Il a un cabinet de curiosités qui compte plus de 18 000 pièces à la fin de sa vie. Il obtient le titre de docteur en médecine et en philosophie en 1553 et commence l'année suivante à enseigner à l'université de Bologne la philosophie puis l'histoire naturelle.

A partir de 1570, il entreprend de publier des livres où il expose ses découvertes. Il forme un grand projet pour l’édition d’une vaste encyclopédie d’histoire naturelle et signe en 1594 un contrat avec l’éditeur vénitien Francesco de Franceschi (vers 1530-vers 1599). Le projet est mis à mal par la faillite de ce dernier. Seulement trois volumes d’ornithologie et un volume d’entomologie paraissent du vivant d’Ulisse Aldrovandi.

Après sa mort, Bartolomeo Ambrosini (1588-1657), ancien élève d’Ulisse Aldrovandi, reprend les notes laissées par son maître et supervise l’édition de certains de ses ouvrages, dont celui présenté ici. Paraissent entre 1606 et 1642 les volumes portant sur les crustacés, les quadrupèdes, les poissons, les insectes, les serpents, mais également sur les dragons et les monstres. Ulisse Aldrovandi s'intéresse en effet aussi bien aux animaux réels qu'aux animaux fabuleux.

L’édition présentée ici est une histoire des monstres et créatures fabuleuses, donnant à voir des singularités du monde végétal, animal et humain. Plus de 450 illustrations accompagnent l’ouvrage et sont l’œuvre de Jean-Baptiste Coriolan (vers 1590-1649), peintre et graveur italien. L’ouvrage donne à voir des malformations observables dans la nature, mais également des déformations inventées et rapportées parfois par des sources anciennes peu fiables. Il témoignage de la fascination pour l’étrangeté et le hors norme qui anime les lecteurs d’hier comme d’aujourd’hui.

 

L'Horographie curieuse contenant diverses méthodes... pour faire... toutes sortes d'horloges et cadrans... plus son traité curieux de géodésie.

Pierre Bobynet. - L'Horographie curieuse contenant diverses méthodes... pour faire... toutes sortes d'horloges et cadrans... plus son traité curieux de géodésie. – La Flèche, George Griveau, 1644. – in-8°.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 12220 et cote 12229

Le père jésuite Pierre Bobynet (1593-1668) est originaire de Montluçon. Il enseigne au Collège de la Flèche où il est professeur de philosophie et de théologie morale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de théologie et également d’horographie (soit l’art de tracer et de faire des cadrans solaires).

La médiathèque conserve une édition de L’Horographie curieuse et un recueil regroupant une autre édition de cet ouvrage et un autre traité d’horographie de Pierre Bobynet intitulé L'Horographie ingénieuse contenant des connaissances et des curiosités agréables dans la composition des cadrans (de 1647). Entre les deux éditions, seule la page de titre change très légèrement. Les deux éditions sont le fruit du travail de Georges Griveau (1593-1654), un éditeur et imprimeur du roi et du collège royal de La Flèche, où enseigne Pierre Bobynet. La page de titre indique que l’ouvrage est vendu à Paris par François Langlois dit Chartres (1588-1647), un éditeur, marchand d’estampes, peintre et libraire installé dans la capitale.

L’une comme l’autre édition comporte 23 planches gravées sur cuivre : 22 planches pleine page et 1 planche dépliante. L’un de nos exemplaires ne comporte pourtant que les 22 planches pleine page : la planche dépliante a disparu !

L’ouvrage se veut accessible : il présente les outils et instruments à préparer, les termes de l’horographie, les principes géométriques, les modèles de cadrans et décrit de nombreux cadrans solaires muraux, de jardin ou de poche.

L’ex-libris manuscrit placé sur la page de garde d’un des deux exemplaires nous apprend que l’ouvrage a appartenu à la bibliothèque du couvent des Pères Minimes de Moulins, détruit lors de la période révolutionnaire. Une inscription manuscrite latine nous indique que l’ouvrage était « à l’usage du frère Hugo Vincent du couvent des Minimes ». L’ouvrage semble avoir été lu assez attentivement par ce religieux, qui n’a pas hésité à apporter quelques corrections à la plume lorsqu’il repérait une erreur dans le texte ou à ajouter des renvois manuscrits vers les gravures présentes à la fin de l’ouvrage pour faciliter sa lecture.

 

Traicté des manieres de graver en taille douce sur l'airin.

Abraham Bosse. - Traicté des manieres de graver en taille douce sur l'airin. Par le Moyen des Eauxs Fortes, & des Vernix Durs & Mols. Ensemble de la façon d'en Imprimer les Planches, & d'en Construire la Presse, & autres choses concernans lesdits Arts. – Paris, Abraham Bosse, 1645. – in- 8°.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 31628

Abraham Bosse (1602 ou 1604-1676) est un membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture et un des meilleurs graveurs français du XVIIe siècle. Théoricien de la gravure en taille-douce, son œuvre est un emblème de l’art baroque français. Il est aussi mathématicien et géomètre et publie des ouvrages sur la perspective, d’après la technique de perspective linéaire mise au point par Girard Desargues (1591-1661).

Il commence son apprentissage à partir de 1620 à Paris auprès du graveur Melchior Tavernier (1594-1665) et réalise ses premières gravures dès 1622. Il rencontre en 1629 l’aquafortiste Jacques Callot (1592-1635), dont il devient le collaborateur et l’ami. Il découvre aussi à ses côtés des innovations pour la gravure mises au point par Jacques Callot lui-même, telles que la technique du vernis dur, plus exigeante techniquement que celle du vernis mou, mais permettant des tracés plus nets. Il utilise cette technique pour ses gravures et contribue également à la diffuser au travers de l’ouvrage présenté ici. Cependant, à la différence de Jacques Callot, le but d’Abraham Bosse est de réussir à obtenir avec l’eau-forte (une technique de taille indirecte) un résultat aussi proche que possible du burin (une technique de taille directe).

On lui attribue environ 1 600 pièces, toutes très réussies, qu’il réalise aussi bien pour des livres religieux que pour des ouvrages de littérature classique et moderne et des traités de sciences, de géographie ou d’histoire. Il est très habile pour les gravures représentant les divers métiers et scènes de la vie quotidienne. Il aime tout particulièrement mettre en scène des hommes et des femmes élégants, placés dans de somptueux intérieurs et habillés de beaux costumes, dont le goût lui vient peut-être de son père qui est tailleur.

Abraham Bosse est le premier à publier un manuel technique de gravure, réédité et traduit en une dizaine de langues jusqu’au XIXe siècle et même aujourd’hui en japonais. Il y expose toutes les étapes de la gravure en taille-douce, depuis la préparation du matériel (vernis, eau forte, planche de cuivre…), jusqu’à la manière d’imprimer la planche sous presse, en passant par l’application et le séchage du vernis, la préparation du dessin, l’application de l’eau forte, le retrait du vernis, le tout accompagné de conseils pour le maniement de l’aiguille et du burin. L’ouvrage contient 16 planches gravées, elles-mêmes réalisées en taille douce. Certaines d'entre elles sont représentées à l'identique au recto et au verso d'une même feuille, afin de pouvoir lire les explications sur plusieurs pages tout en ayant toujours la gravure sous les yeux.