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Avis de lecteurs

Et vous passerez comme des vents fous (Clara Arnaud)

note: 5Une échappée dans les Pyrénées Lou, MMC - 17 novembre 2023

Un Berger, une éthologue et un montreur d’ours. Voici les trois personnages principaux que l’ont va suivre alternativement dans ce roman et qui ont pour point commun un village des [...]

Connemara (Nicolas Mathieu)

note: 5Comédie humaine ultra moderne Jérôme - 6 mars 2024

Superbe fresque sentimentale rurale qui conjugue intimité des relations conjugales (mais pas que) et sociologie critique et subtile de la start-up nation, de la fracture centre/périphérie et du monde des [...]

Le chien des étoiles (Dimitri Rouchon-borie)

note: 5Une très jolie plume Lou, MMC - 17 novembre 2023

J’avais été bouleversée par Le démon de la colline aux loups sortie en 2021 et pour lequel Dimitri Rouchon-Borie a été lauréat de 13 prix littéraires, J’ai donc sans hésiter [...]

On Giacometti (Hania Rani)

note: 1On Giacometti Patrick - 16 novembre 2023

Héritière de Keith Jarrett, Terry Riley, klaus Shulze et admiratrice d'Agnès Obel une prodigieuse pianiste

Malgré toute ma rage (Jérémy Fel)

note: 5Un gros coup de coeur ! Lou, MMC - 17 novembre 2023

4 adolescentes partent en Afrique du Sud pour la première fois sans leurs parents pour des vacances de rêves, qui vont vites être écourtées lorsque l’une d’elle est enlevée et [...]

Marx et la poupée (Maryam Madjidi)

note: 4Lettre franco-iranienne Jérôme - 6 mars 2024

Très beau texte de Maryam Madjidi qui raconte sa déterritorialisation relative, corporelle et mentale, jalonnée de doutes, de l'Iran vers la France. Ses réflexions sur l'école républicaine française et les [...]

Dans le cadre de la rétrospective chronologique du livre imprimé, nous mettons ce mois-ci à l’honneur les livres du XVIIIe siècle.

Vous pourrez découvrir tout au long du mois de juin trois livres de nos fonds patrimoniaux : un atlas très important sur l’Empire chinois de 1735, un livre sur des expériences scientifiques de 1745 et un « album-souvenir » de la visite de Louis XV au Havre en 1749 datant de 1753.

Et comme les autres mois, nous tournerons les pages chaque semaine ! Ne manquez pas de venir admirer les magnifiques (et gigantesques !) planches représentant la ville du Havre au XVIIIe siècle.

À venir découvrir du 6 juin au 2 juillet dans les vitrines situées à l'entrée de la médiathèque. Pour d’autres ouvrages du XVIIIe siècle, rendez-vous le 4 juillet.

 

Point d'histoire

 

Au XVIIIe siècle comme au siècle précédent, le domaine de l'imprimerie ne connait pas de grandes innovations techniques, qui sont davantage mises au point à l'extrême fin du siècle et exploitées au XIXe siècle. Pour autant, le XVIIIe siècle se manifeste comme un siècle d'opulence et de raffinement, en contraste avec un XVIIe siècle plus austère. Le goût pour l'édition de luxe est indéniable, d'autant plus que le XVIIIe siècle voit naître la bibliophilie (c'est-à-dire la collection et l'étude des livres rares et précieux). La production du livre imprimé progresse toujours davantage. Le livre continue de se diversifier en formats, en genres et en sujets. Les livres de science accessibles, les ouvrages illustrés, de littérature romanesque ou encore de voyages connaissent un grand succès auprès d'un lectorat très curieux et toujours plus nombreux. Le XVIIIe siècle se traduit en effet par un élargissement du lectorat, conséquence du développement de l'alphabétisation : à la veille de la Révolution, 35% des Français savent lire. Le XVIIIe siècle est aussi le siècle des Lumières, marqué par l’émergence d’idées nouvelles dont la circulation et la confrontation sont permises par l'imprimerie. Le livre devient un vecteur de la philosophie des Lumières. L'attrait pour la connaissance que connaît ce siècle conduit à la publication de nombreux dictionnaires généralistes et spécialisés, dont la célébrissime Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d'Alembert. Le livre sort également du seul cadre des bibliothèques privées : les bibliothèques et cabinets de lecture se développent, de même que les sociétés de lecture, les salons, les cafés et clubs littéraires. On aime lire chez soi, en groupe, mais également de plus en plus en promenade ou en voyage, d'où la démocratisation des petits formats bien plus pratiques à transporter, qui constituent des livres de poche avant l'heure.

 

Les livres du mois

 

Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise

Jean-Baptiste Du Halde. - Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, tome deuxième – Paris, P. G. Le Mercier, 1735. – in-folio.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 20228

Jean-Baptiste Du Halde (1674-1743) est un prêtre jésuite et historien français. Son œuvre la plus connue est la Description de l’Empire de la Chine, dont nous présentons ici le deuxième tome de la première édition parue en 1735. En tout, l’ouvrage se compose de 4 tomes répartis en 4 volumes in-folio.

Le livre de Du Halde se veut une description méthodique de l’Empire chinois qui est alors constitué de la Chine actuelle, de la Tartarie, de la Corée, du Tibet et de la Sibérie. Il permet de connaître presque toutes les facettes de la civilisation chinoise : les empereurs, le gouvernement, les institutions politiques et militaires, la noblesse, l’agriculture et l’artisanat, les sciences et la médecine, la culture, la religion, l’éthique, la monnaie et le commerce, la langue et le système d’écriture… On peut même y découvrir les secrets de l’élevage des vers à soie ou encore de la fabrication de la porcelaine. Il intègre également la première description connue de l’Alaska, faisant suite aux premières explorations de Béring.

Le livre s’accompagne d’un grand nombre de cartes, plans et planches hors texte dont beaucoup sont dépliants. Les planches et vignettes sont pour la grande majorité gravées d’après Humblot par des artistes nombreux tels que Baillieul, Baquoy, Desbrulins, Delahaye, Fonbonne, Guélard, Haussard, Le Parmentier, Lucas, Maisonneuve… Les cartes sont quant à elles l’œuvre de Bourguignon d’Anville et sont basées sur les travaux des jésuites.

Pour composer son livre, Jean-Baptiste Du Halde (qui n’a jamais quitté Paris) a consulté de très nombreuses lettres, rapports inédits et textes chinois non traduits et s’est appuyé sur une vingtaine de témoignages de missionnaires jésuites. L’ordre des jésuites est alors présent en Chine depuis 1582 (et encore jusqu’en 1773). Pour y être acceptés et écoutés, les jésuites décident de se présenter en Chine comme sages, lettrés et savants. Ils apprennent au départ simplement la langue et la civilisation chinoises, mais ils se mettent au fur et à mesure à admirer et à apprécier la culture chinoise jusqu’à devenir des initiateurs de la sinologie et de la sinophilie. Ils écrivent nombre de lettres et de témoignages sur cette civilisation alors peu connue en Europe. Ainsi, de 1702 à 1776, une collection de 34 volumes de lettres envoyées en Europe par des jésuites missionnaires envoyés entre autres en Chine est publiée sous le titre de Lettres édifiantes et curieuses. Le père Jean-Baptiste Du Halde se charge d’ailleurs de la publication des tomes IX à XXVI entre 1709 et 1743.

La Description de l’Empire de la Chine de Jean-Baptiste Du Halde est l’un des ouvrages les plus importants consacrés à la Chine et en tout cas le plus important pour la première moitié du XVIIIe siècle. Il a eu un grand retentissement en France puis en Europe et a influencé de manière durable l’image que les Européens se sont faits de la Chine. Il a grandement contribué au développement du goût pour la culture et la civilisation chinoises que connaît la France au XVIIIe siècle. Il est traduit en anglais en 1738 et ne manque pas de provoquer un engouement similaire pour la Chine de l’autre côté de la Manche !

 

Les Entretiens physiques d'Ariste et d'Eudoxe, ou Physique nouvelle en dialogues...

Noël Regnault. - Les Entretiens physiques d'Ariste et d'Eudoxe, ou Physique nouvelle en dialogues..., tome premier – Paris, David et Durand, 1745. – in-8.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 12316

Noël Regnault (1683-1762) est un prêtre jésuite et professeur de mathématiques et de physique au collège de France. A la fin des années 1720, il travaille à l’écriture d’un ouvrage de vulgarisation des connaissances de l'époque dans le domaine scientifique à destination d’un public plutôt jeune, principalement aristocrate et mondain.

Il fait paraître en 1729 la première édition des Entretiens physiques d’Ariste et d’Eudoxe en trois volumes. L’ouvrage connait un grand succès : il est réédité à plusieurs reprises, augmenté d’un quatrième volume en 1732 et d’un cinquième volume en 1745. La médiathèque conserve cinq tomes de l’édition de 1745.

Son ouvrage s’inscrit pleinement dans le contexte du XVIIIe siècle qui se caractérise par un regain d’intérêt pour les sciences (mathématiques, physique, chimie, sciences naturelles, électricité…). Dans son projet de rendre son livre accessible au plus grand nombre et notamment à un public jeune, Noël Regnault opte pour la forme du dialogue fictif, assez courante au XVIIIe siècle : on peut penser aux dialogues philosophiques de Voltaire.

Le livre consiste en un entretien imaginaire entre Eudoxe de Cnide (un astronome, géomètre, médecin et philosophe grec du VIe siècle avant J.-C) et le jeune Ariste dont l’ambition est de devenir son disciple. Noël Regnault fait anachroniquement du personnage antique d’Eudoxe un défenseur des idées de Descartes et un opposant aux théories de Newton, ainsi qu’un ambassadeur de la science jésuite.

Les quatre premiers tomes contiennent entre 20 et 30 planches gravées (il y en a en tout 99 dont 2 dépliantes), qui expliquent les expériences décrites. Certaines planches sont déconcertantes : l’une d’entre elles représente par exemple l’expérience d’un médecin italien qui souhaite montrer qu’une partie des aliments consommés est éliminée par la transpiration et qui s’installe donc dans une chaise suspendue munie d’un contrepoids qui lui permet de savoir quand il prend du poids en mangeant et quand il perd du poids en transpirant. Certaines expériences apparaissent aujourd’hui peu convaincantes.

 

Relation de l'arrivée du roi au Havre-de-Grâce le 19 septembre 1749 et des fêtes qui se sont données à cette occasion

Relation de l'arrivée du roi au Havre-de-Grâce le 19 septembre 1749 et des fêtes qui se sont données à cette occasion – Paris, Hippolyte-Louis Guérin et Louis-François Delatour, 1753. – in-plano.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote R-ATL-28027

Le 19 septembre 1749, Louis XV fait son entrée au Havre. Le roi vient pour deux jours afin de visiter le port et la ville sur l’invitation du gouverneur de la ville, le duc de Saint-Aignan. Le roi est accompagné de Madame de Pompadour, de presque tous ses ministres et de nombre de courtisans. La venue du roi est naturellement le motif de réjouissances et de festivités, d’autant plus pour Louis XV qui fait rarement des déplacements hors de Versailles. Pour la ville du Havre, la visite royale est d’une importance capitale et constitue l’occasion de valoriser le développement des activités maritimes survenu au cours du siècle, ainsi que de montrer les récentes grandes transformations architecturales.

Afin de célébrer et de transmettre à la postérité le souvenir de cet événement clef pour Le Havre, la municipalité commande la réalisation d’un livre illustré (un « album-souvenir » en quelque sorte). Pour cela, la somme colossale de 14 000 livres est engagée par la municipalité, qu’elle rembourse petit à petit jusque dans les années 1760. La conception en est confiée à Jean-Baptiste Descamps (1714-1791), un peintre et historien de l’art qui est alors directeur d’une toute nouvelle Ecole de dessin à Rouen, assisté de Nicolas Ozanne. Jean-Baptiste Descamps réalise 6 dessins (achevés en 1751) qui sont ensuite gravés sur cuivre par Jean-Philippe Le Bas. Le texte du livre est attribué à Michel Dubocage. L’ensemble compte 19 pages et 6 gravures et est imprimé à hauteur de 225 exemplaires par Hippolyte-Louis Guérin et Louis-François Delatour à Paris.

Le livre retrace le parcours du roi lors de son séjour, depuis son arrivée jusqu’à son départ. La première gravure représente l’arrivée du roi : le gouverneur royal Paul Hippolyte de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan et les magistrats municipaux présentent solennellement les clefs de la ville au roi assis dans son carrosse. La seconde montre le roi en train d’assister au carénage d’un navire : cette opération périlleuse consiste à coucher le navire afin de faciliter le nettoyage de la coque et de pouvoir refaire le calfatage (c’est-à-dire l’étanchéité) du bateau. Des canots se préparent pour des joutes nautiques, qui sont représentées sur la gravure suivante. Lors de son séjour, le roi assiste également à des manœuvres des voiles, ainsi qu’au lancement de plusieurs navires. Sur chacune des gravures, le patrimoine maritime du Havre est pleinement mis en valeur : l’eau est ainsi gravée avec une grande finesse. Une autre gravure représente les illuminations nocturnes : les soirs des 19 et 20 septembre, la Grande Rue Saint-Michel (aujourd’hui rue de Paris) est décorée et illuminée en l’honneur du roi. Des lumignons sont fixés à un décor de bois et de plâtre recouvert de feuillages. Les lettres M et L (pour Marie Leczynska et Louis XV) sont entrelacées et suspendues. La dernière gravure représente enfin le roi observant la ville à distance depuis les hauteurs d’Ingouville, d’où la vue sur Le Havre et son port est imprenable.