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Avis de lecteurs

Carnet de prison (Galien)

note: 4«Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts» Isaac Newton Jérôme - 29 janvier 2024

"Meilleur texte" [...] selon le préfacier et écrivain communiste Alain Badiou sur la prison, qui y est "admirablement croquée" par l'auteur de bandes dessinées et dessinateur de presse (Le Sans-culotte [...]

Et vous passerez comme des vents fous (Clara Arnaud)

note: 5L'Ourse Sylvie - 14 février 2024

Dans les Pyrénées, à l'aube du XXème siècle, Jules capture une oursonne pour la dresser et devient montreur d'ours.
Aujourd'hui, dans ces mêmes montagnes, une ourse attise les peurs ancestrales. Gaspard [...]

Je suis leur silence (Jordi Lafebre)

note: 5Les voix d'Eva Sylvie - 8 février 2024

Eva est psychiatre. Fantaisiste, délurée, débordante de vitalité, c'est une jeune femme décalée et attachante.
Elle est contactée par une ancienne patiente pour venir l'assister suite au décès d'un oncle.
Eva [...]

Connemara (Nicolas Mathieu)

note: 5Comédie humaine ultra moderne Jérôme - 6 mars 2024

Superbe fresque sentimentale rurale qui conjugue intimité des relations conjugales (mais pas que) et sociologie critique et subtile de la start-up nation, de la fracture centre/périphérie et du monde des [...]

L'université des chèvres (Christian Lax)

note: 5"L'éducation élève l'esprit" Sylvie - 2 mars 2024

Du XIXè siècle à nos jours, nous suivons les parcours de Fortuné et Sanjar, qui des Alpes du Sud en France aux paysages rudes de l'Afghanistan, vont de villages en [...]

Le rapport de Brodeck n° 1
L'autre (Manu Larcenet)

note: 5L'Autre et l'Indicible Sylvie - 19 mars 2024

Brodeck est un homme, rescapé de l'enfer.
Un jour, les hommes du village vont l'obliger à rédiger un rapport sur la mort de "L'Anderer", à laquelle Brodeck n'a pas assité. Ce [...]

Pour l'année 2023, l'équipe patrimoniale vous propose une rétrospective chronologique du livre imprimé débutant au XVe siècle et allant jusqu'au XXe siècle. Chaque mois, venez découvrir dans nos vitrines deux ouvrages du fonds patrimonial dont nous tournerons les pages de semaine en semaine.

Nous ouvrons ce premier chapitre avec deux incunables emblématiques présents dans nos fonds : Le Propriétaire des choses (1482) et le livre des chroniques communément appelé Chroniques de Nuremberg (1493). Ces deux livres datant des premiers temps de l'imprimerie comportent tous deux des gravures sur bois pleines de détails que vous pouvez observer dès à présent à la médiathèque. Certaines bibliothèques conservent même des exemplaires de ces ouvrages dont les illustrations ont été peintes à la main après impression.

À venir découvrir du 13 janvier au 4 février dans les vitrines situées à l'entrée de la médiathèque. Pour les ouvrages de la première moitié du XVIe siècle, rendez-vous le 7 février.

 

Petit point de définition

 

Un incunable (du latin incunabula signifiant "berceau", "enfance") est un livre datant des tous premiers temps de l'imprimerie, vers 1450 : tout livre imprimé avant le 1er janvier 1501 est un incunable. Encore très inspiré du livre manuscrit, l'incunable en reproduit certains codes esthétiques et formels. Ce n'est qu'au XVIe siècle que le livre imprimé prend plus nettement son indépendance : ce sera l'objet d'une prochaine présentation. La gravure sur bois représente le moyen d'illustration le plus pratique puisque le procédé en relief permet l'impression du texte et de l'image en même temps.

 

Les livres du mois

 

Liber chronicarum par Hartmann Schedel

Liber chronicarum = livre des chroniques par Hartmann Schedel ; illustré par Michel Wohlgemuth et Wilhelm Pleydenwurff. - Achevé d’imprimer à Nuremberg par Anton Koberger pour Sebald Schreyer et Sebastian Kammermeister, le 12 juin 1493. In-folio.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, INC-FOL-28383

Ce livre des chroniques, plus communément appelé Chroniques de Nuremberg, est une histoire illustrée du monde depuis sa création jusque dans les années 1490. Ces chroniques ont été compilées par Hartmann Schedel, médecin et humaniste allemand, né en 1440 et mort en 1514.

C’est sans doute le plus connu et le plus diffusé des incunables. Il a été imprimé par Anton Koberger en 1493 en deux éditions, l’une en latin, l’autre en allemand.

Orfèvre et véritable entrepreneur, Koberger possède un bloc de maisons à Nuremberg. Il se lance très tôt dans l’imprimerie typographique et réunira dans ses locaux toutes les activités relatives au livre : papeterie, imprimerie, reliure et librairie. Koberger fait fonctionner jusqu’à 24 presses, emploie une centaine d’ouvriers et publie au total plus de 250 éditions. Sa richesse lui permet de travailler en association avec d’autres grands ateliers à Nuremberg ou en Allemagne du Sud.

C’est le cas pour cet ouvrage puisque les illustrations gravées sur bois sont sorties de l’atelier d’un des plus grands artistes de son temps : Michael Wohlgemuth, peintre et graveur, maître d'Albrecht Dürer en peinture, gravure sur bois et sur cuivre, associé à Wilhelm Pleydenwurff, son gendre, également graveur, qui a participé à l'illustration des Chroniques.

L’ensemble du livre comprend 1809 gravures, tirées de 645 plaques de bois gravées : il y a donc 1164 répétitions. La qualité des illustrations a beaucoup contribué à la conservation de ce livre magnifique, imprimé environ à 1500 exemplaires, dont 800 existent encore et que l’on voit apparaître de temps en temps sur les catalogues des libraires ou dans les ventes aux enchères.

La mise en page est très novatrice par rapport à la tradition manuscrite : le texte est sur une seule colonne, l’ensemble est aéré avec de belles initiales gravées en tête des chapitres, les titres courants et les numéros de folios sont imprimés.

 

Le Propriétaire des choses par Anglicus Bartholomaeus

[De Proprietatibus rerum. Fr. :] Le Propriétaire des choses / Anglicus Bartholomaeus ; trad. Jean Corbichon ; ed. Pierre Farget. - Lyon : Matthias Huss, 12 XI 1482. - ill. ; in-folio.

Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, INC-4-28371

Composé par le frère franciscain Barthélémy l'Anglais aux alentours de 1240 à Magdebourg, le Propriétaire des choses est un imposant recueil encyclopédique. Les 19 livres qui le constituent traitent aussi bien de l'histoire biblique, que de la géographie, la médecine, l'astronomie, la faune et la flore, les minéraux et pierres précieuses, l'arithmétique, la musique, ou encore des couleurs, saveurs et aliments. Considéré comme l’un des premiers ouvrages de vulgarisation scientifique, le Propriétaire des choses se distingue par son exhaustivité et son organisation cohérente. Il s’impose comme l’une des encyclopédies les plus importantes entre le XIIIe et le XVe siècle et est abondamment reproduit : on dénombre plus de 200 manuscrits et plus de 50 éditions imprimées entre 1470 et 1609.

L’ouvrage est initialement composé en latin, mais connaît ensuite des traductions en français, en anglais, en italien, en espagnol, en néerlandais… La première édition en langue française est celle que Jean Corbichon, chanoine augustin des XIVe et XVe siècles, présente au roi de France Charles V en 1372. Il faut ensuite attendre 1482 pour qu’une édition française imprimée voie le jour grâce à l’imprimeur lyonnais Matthias Huss : l’exemplaire présenté ici appartient à cette première édition.

La mise en page de l’édition, bien que simple, est plutôt soignée. Le texte est composé à l’aide de caractères gothiques et est réparti sur 46 lignes disposées en deux colonnes. Sur le haut de la page, sont imprimés les titres courants. Des espaces sont laissés au début de chaque paragraphe afin que les initiales soient ensuite dessinées à la main, à la manière de celles des manuscrits.

L’édition réalisée par Matthias Huss comporte en outre 20 gravures sur bois : une au début de l’ouvrage représentant Jean Corbichon remettant sa traduction à Charles, puis dix-neuf autres ouvrant chacun des dix-neuf livres et présentant leur contenu. Les bois gravés ont été réalisés spécialement pour cette édition et composent un cycle illustré plutôt original. Ils s’inscrivent dans le style lyonnais de l’époque : « Le trait est épuré, les personnages figés, le jeu des ombres est quasiment inexistant, le décor est souvent très simple sans perspective ni profondeur1 » (KRUMENACKER Jean-Benoît, « Les gravures lyonnaises du De proprietatibus rerum et leur influence en Europe », Gryphe, n°26, novembre 2016, p. 10-15). De nombreuses éditions incunables postérieures s’inspirent encore des illustrations de l’édition de Matthias Huss et les reproduisent plus ou moins habilement. Ce n’est qu’au XVIe siècle que les connaissances du Propriétaire des choses commencent à devenir obsolètes, soit après presque 300 ans d’existence.