- Bibliothèque
- Moulins - Médiathèque communautaire - Patrimoine
- Bibliothèque
- Moulins - Médiathèque communautaire - Patrimoine
- Catégorie
- En cours
Le saviez-vous ? Au XVIIIe siècle, un architecte un peu extravagant a proposé d'installer sur les Champs-Elysées un gigantesque monument en forme d'éléphant ! Le projet n'a jamais vu le jour, mais il est exposé dans un livre que nous vous proposons de découvrir ce mois-ci à la médiathèque, aux côtés de deux autres ouvrages du XVIIIe siècle, dans le cadre de la rétrospective chronologique du livre imprimé.
Vous pourrez ainsi également admirer un ouvrage sur les arbres fruitiers datant de 1768 et un livre d'histoire naturelle sur les serpents, reptiles et quadrupèdes ovipares datant de 1788-1789. Et comme les autres mois, nous tournerons les pages chaque semaine !
À venir découvrir du 4 Juillet au 3 septembre dans les vitrines situées à l'entrée de la médiathèque.
Point d'histoire
Au XVIIIe siècle comme au siècle précédent, le domaine de l'imprimerie ne connait pas de grandes innovations techniques, qui sont davantage mises au point à l'extrême fin du siècle et exploitées au XIXe siècle. Pour autant, le XVIIIe siècle se manifeste comme un siècle d'opulence et de raffinement, en contraste avec un XVIIe siècle plus austère. Le goût pour l'édition de luxe est indéniable, d'autant plus que le XVIIIe siècle voit naître la bibliophilie (c'est-à-dire la collection et l'étude des livres rares et précieux). La production du livre imprimé progresse toujours davantage. Le livre continue de se diversifier en formats, en genres et en sujets. Les livres de science accessibles, les ouvrages illustrés, de littérature romanesque ou encore de voyages connaissent un grand succès auprès d'un lectorat très curieux et toujours plus nombreux. Le XVIIIe siècle se traduit en effet par un élargissement du lectorat, conséquence du développement de l'alphabétisation : à la veille de la Révolution, 35% des Français savent lire. Le XVIIIe siècle est aussi le siècle des Lumières, marqué par l’émergence d’idées nouvelles dont la circulation et la confrontation sont permises par l'imprimerie. Le livre devient un vecteur de la philosophie des Lumières. L'attrait pour la connaissance que connaît ce siècle conduit à la publication de nombreux dictionnaires généralistes et spécialisés, dont la célébrissime Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d'Alembert. Le livre sort également du seul cadre des bibliothèques privées : les bibliothèques et cabinets de lecture se développent, de même que les sociétés de lecture, les salons, les cafés et clubs littéraires. On aime lire chez soi, en groupe, mais également de plus en plus en promenade ou en voyage, d'où la démocratisation des petits formats bien plus pratiques à transporter, qui constituent des livres de poche avant l'heure.
Les livres du mois
Charles François Ribart. - Architecture singulière. L'éléphant triomphal. Grand Kiosque à la gloire du roi – Paris, Pierre Patte, 1758. – in-4.
Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 27648
Charles François Ribart de Chamoust est un architecte et ingénieur français du XVIIIe siècle né à Béziers dont on sait peu de chose, si ce n'est qu'il a été à l’origine d’un projet particulièrement original : la construction d’un gigantesque monument en forme d’éléphant.
A l'époque où Charles François Ribart conçoit son projet, la guerre de succession d'Autriche est terminée depuis quelques années et de nombreuses propositions concurrentes et très différentes émergent pour la construction d'un monument à la gloire de Louis XV. Le monument est destiné à être installé sur les Champs-Elysées, à l'emplacement actuel de l'Arc de Triomphe (qui n'existe pas encore à l’époque et dont la construction n'a commencé qu'en 1806).
L'éléphant imaginé par Ribart comporte trois niveaux et l'on y entre par un escalier en colimaçon placé dans le ventre de l'animal. Ribart propose d'y installer les appartements du Roi, des salons, des salles de réception et même un jardin intérieur, le tout équipé des dernières commodités et décoré dans un style rococo. Il prévoit que l'on puisse admirer la vue depuis le haut de l'éléphant. Le projet intègre même une fontaine dont l'eau jaillirait par la trompe de l'animal. Et bien sûr, le monument comprend une statue de Louis XV placée au sommet du pachyderme. L’artiste à l'origine des planches qui illustrent l'ouvrage n'est autre que Pierre Patte, l’éditeur qui est également architecte. Il réalise diverses gravures du monument : une vue en perspective avec les jardins environnants, des coupes, des plans, des élévations…
Le projet fait scandale, est vivement critiqué et ne voit jamais le jour. Le journaliste et polémiste Elie Fréron écrit à l'époque deux articles ridiculisant le monument et accuse Ribart d'avoir imité pour son projet une gravure d'éléphant que l'on retrouve dans Le Songe de Poliphile. Ribart meurt en 1807 divorcé et pauvre, sans avoir jamais connu le succès.
Quelques années plus tard, Napoléon s’inspire du projet de Ribart pour son projet de l’Eléphant de la Bastille. L'édifice dont la conception est confiée à Jean-Antoine Alavoine consiste en une fontaine monumentale surmontée d'une statue d'éléphant flanqué d'un howdah. Une maquette en plâtre du monument destiné à mesurer 16 mètres de long par 24 mètres de haut a trôné de 1813 à 1846 sur la place de la Bastille. Le projet est remis en cause à la chute du régime de Napoléon et est définitivement enterré après la Révolution de Juillet.
Duhamel Du Monceau. - Traité des arbres fruitiers, contenant leur figure, leur description, leur culture – Paris, Saillant, 1768. – in- 4.
Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cotes 23434 et 23435
Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782) est un physicien, botaniste et agronome français. De son vivant, il s’intéresse à une multitude de sujets : la physique, la chimie, la marine, la pêche, la botanique, l'agriculture, la sylviculture, la gestion des forêts… Il se passionne très tôt pour la botanique et est remarqué par l'Académie des sciences du fait de la qualité de ses travaux. Il se spécialise plus tard en sylviculture et écrit successivement un Traité des arbres (1755), des Eléments d'agriculture (1756), un Traité de la culture des terres (1756), puis ce Traité des arbres fruitiers en deux volumes en 1768, que nous exposons ici.
Cet ouvrage est remarquable tant par le travail théorique fondamental de Duhamel de Monceau que par la qualité des illustrations. Duhamel de Monceau a travaillé en collaboration avec l'abbé Le Berriays, un cultivateur qui réalise beaucoup d'expériences sur les arbres fruitiers. Près de 250 espèces de fruits sont décrites et plus de 180 sont illustrées. Chaque planche présente une espèce différente avec le dessin de la fleur, des feuilles, du fruit fermé et ouvert et des pépins. Les planches sont grandeur nature, réalisées d'après les dessins de Claude Aubriet, de Madeleine-Françoise Basseporte et de l'abbé Le Berriays, puis gravées par Catherine Haussard, Charles Milsan, Herisset… Duhamel de Monceau décrit 119 espèces de poires, 48 de prunes, 39 de pommes et 34 de cerises, sans oublier les raisins, les abricots, les framboises, les fraises, les mûres…
C'est le traité le plus complet écrit au XVIIIe siècle sur le sujet. Duhamel de Monceau est reconnu aujourd'hui comme l'un des fondateurs de l'agronomie et de la sylviculture modernes.
Comte Bernard-Germain de La Cépède. - Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens – Paris, Hôtel de Thou, 1788-1789. – in-4.
Médiathèque Samuel Paty, fonds ancien, cote 21539
Le comte de La Cépède, de son nom complet Bernard Germain Etienne de Laville-sur-Illon (1756-1825), est un zoologiste et homme politique français.
Au cours de sa carrière, il occupe plusieurs fonctions au Jardin du roi à Paris (aujourd'hui le Muséum national d'histoire naturelle) et au Jardin du roi à Versailles, ainsi qu'à l'Académie des sciences et de Rouen. Il est l’ami de Georges-Louis Leclerc de Buffon, qui l’encourage à étudier l’histoire naturelle. Il publie plusieurs essais et collabore à l’Histoire Naturelle de Buffon, qui n'est pas terminée du vivant de ce dernier. L’édition originale de l’Histoire Naturelle de Buffon comprend 36 volumes répartis en séries : Histoire de la Terre et de l’Homme, Quadrupèdes, Oiseaux, Minéraux, Suppléments. De son vivant, Buffon en fait éditer 35. D’autres volumes paraissent à titre posthume.
C'est ainsi que le comte de La Cépède se charge de continuer la partie de l’Histoire naturelle qui traite des animaux et tout particulièrement des reptiles. En 1788-1789, il fait paraître son Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens. Il s’agit du premier ouvrage d’envergure sur les amphibiens et les reptiles destiné à un large public. Mais les illustrations sont pour la plupart assez médiocres et le livre n’améliore pas la taxinomie (c'est-à-dire la classification) de ces animaux. En revanche, si d’autres travaux plus anciens sont supérieurs, l’ouvrage de La Cépède a le mérite de favoriser l’étude de ces animaux. Il poursuit ensuite en faisant publier entre 1798 et 1803 une Histoire naturelle des poissons (largement inspirée des notes des collections laissées par Philibert Commerson), puis en 1804 une Histoire des cétacés.
Ce sont là ses derniers écrits de zoologie. A partir de 1803-1804, il se consacre plus nettement à la politique, en tant que sénateur du Sénat conservateur, dont il assure la présidence à deux reprises.